{Par Scott Hills et Eric Auchard}
PEKIN/NEW YORK (Reuters) – IBM a confirmé mardi soir sa sortie d’un marché dont il fut l’un des pionniers dans les années 1980 avec la vente de son activité d’ordinateurs personnels au chinois Lenovo Group pour un montant de 1,25 milliard de dollars.
L’opération, qui donnera naissance à un nouveau numéro trois mondial du PC, derrière Dell et Hewlett-Packard, illustre une nouvelle fois la tendance à la reprise par des industriels chinois de marques et d’activités occidentales de fabrication sur des marchés de technologies.
Pour IBM, cette cession vise à recentrer le groupe sur ses activités dégageant les meilleures marges, comme les services informatiques ou les logiciels.
« IBM s’en sort bien car leur objectif était avant tout de sortir du marché du PC, où ils ne gagnent pas d’argent du tout. Maintenant, c’est à Lenovo de transformer l’essai », a commenté Martin Gilliland, analyste du cabinet d’études Gartner.
La transaction, conclue à l’issue de 13 mois de négociations, prévoit que Lenovo versera à IBM 650 millions de dollars cash et 600 millions en actions. Le groupe chinois reprendra en outre 500 millions de dettes à IBM.
A l’issue de l’opération, le géant américain de l’informatique possédera 18,9% du capital de Lenovo. Ce dernier, qui a abandonné en avril son nom d’origine, Legend, transférera le siège de son activité de PC de Pékin à New York et envisage de s’introduire sur un marché boursier américain, le Nasdaq ou le New York Stock Exchange.
Stephen Ward, vice-président senior d’IBM, deviendra directeur général de Lenovo.
{{{RECENTRAGE}}}
« Le prix est un peu en dessous de ce que j’attendais », a souligné Marty Shagrin, analyste de Victory Capital Management, un gérant de capitaux actionnaire d’IBM. « Mais l’obsession du prix occulte le fait qu’IBM souhaitait depuis longtemps déjà devenir un groupe de services et de logiciels ».
Pour « Big Blue », la vente, qui devrait être effective au deuxième trimestre de l’an prochain, se traduira par une plus-value imposable de 900 millions à 1,2 milliard de dollars, a expliqué Mark Loughridge, son directeur financier. Elle devrait aussi lui permettre d’augmenter sa marge brute de trois points, a-t-il ajouté.
Lenovo, lui, se hissera de la huitième à la troisième place du
classement mondial des constructeurs d’ordinateurs personnels avec 7,7% du marché, en ajoutant les 5,5% d’IBM à ses 2,2% actuels. Les activités PC des deux groupes avaient réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires global de 12 milliards de dollars.
Dell réalise actuellement 16,7% des ventes mondiales et Hewlett-Packard 15%.
Les ordinateurs conçus jusqu’à présent par IBM pourront conserver son logo pendant une période maximale de cinq ans avant d’adopter la marque Lenovo. Celui-ci reprendra la gamme « Think » d’IBM, qui regroupe les portables ThinkPad et les ordinateurs de bureau ThinkCenter.
IBM est la troisième marque mondiale en termes de valeur selon le classement BusinessWeek/Interbrand.
Le groupe chinois va aussi mettre la main sur la participation d’IBM dans la coentreprise fondée par ce dernier avec le chinois Great Wall Technology, l’actuel numéro deux chinois du PC.
Lenovo reprendra 10.000 salariés d’IBM, dont 2.300 aux Etats-Unis, le reste travaillant déjà en Chine, dans le cadre de la coentreprise entre IBM et Great Wall.
{{{LENOVO, « REELLEMENT INTERNATIONAL »}}}
Lenovo entre ainsi dans le club, en expansion rapide, des industriels chinois devenus propriétaires de marques occidentales. Ce club inclut notamment TCL International Holdings, allié au français Thomson dans la fabrication de téléviseurs et à Alcatel dans les téléphones portables.
Lenovo avait déjà conclu avec Bull un accord pour distribuer en Chine les gros ordinateurs du groupe français.
« Notre objectif prioritaire était de créer une entreprise réellement internationale », a expliqué Chuanzhi Liu, le président de Lenovo.
Son groupe sera le fournisseur privilégié de PC d’IBM, permettant à ce dernier de continuer à offrir à sa clientèle d’entreprise une gamme complète d’ordinateurs.
L’accord entre les deux sociétés prévoit en contrepartie que la division Global Services d’IBM sera le principal prestataire de services techniques et de financement de la division PC de Lenovo.
« L’annonce d’aujourd’hui conforte le repositionnement d’IBM sur
l’entreprise tout en créant une nouvelle activité mondiale, mieux placée pour saisir les opportunités futures du secteur du PC », a assuré dans un communiqué Samuel Palmisano, le PDG d’IBM.
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